Géocacheurs et/ou cueilleurs de champignons

CHRONIQUE. Samedi le 29 février dernier se déroulait à Shawinigan, l’activité de géocaching Avalanche 2020 organisée par l’Association Géocaching Québec, avec la participation du trio local Sophie Bourassa, Nancy Gagné et Sophie Larocque.

J’ai profité de ce grand événement qui avait son quartier général dans notre région, à la cité de l’énergie pour aller rencontrer les quelque 200 participants venus des quatre coins du Québec, et même de l’Ontario.

Je voulais comprendre ce qui les motivait à  pratiquer cette activité.

Qu’est-ce que le « Géocaching » ?

Je vais vous en donner une courte description, mais sachez que cela va bien au-delà de ce que je vous écris ici.

  C’est un loisir pratiqué internationalement, où les adeptes étudient les cartes routières et topographiques, afin de trouver des cibles. Ces cibles ou « caches » sont répertoriées dans un site internet accessible par un site web (http://www.geocaching.com) ou par un applet sur téléphone intelligent.

Chaque cache possède un numéro d’identification unique. Une capsule renferme un petit calepin (le “LOG”). Le but du jeu est de trouver et de signer son nom de géocacheur dans ce calepin et de remettre le tout en place pour laisser le plaisir aux prochains.

Chasse au trésor planétaire

 On dénombre actuellement plus de 3 millions de ces caches réparties dans 191 pays. Dans la région de Shawinigan, on peut déjà compter plus de 90 cibles sur la carte du jeu.

La recherche n’est pas simple. L’adepte se choisit une cache sur la carte, et se renseigne sur la fiche fournie par le créateur de cette cache, et recueille les indices lui donnant une réponse provisoire.

Charades, renseignements historiques, monuments, jeux d’adresse, énigmes, ainsi que tous les prétextes et jeux intellectuels et d’habileté sont permis.

Lorsque la réponse provisoire est trouvée, celle-ci est convertie en chiffres. Ces chiffres donnent une coordonnée GPS et celle-ci est la vraie position de l’endroit où est caché le calepin à signer. L’utilisation d’un GPS de randonnée est facultative, mais offre plus de précision qu’un GPS cellulaire.

Cherche et trouve

J’ai demandé à plusieurs géocacheurs ce qu’ils préfèrent le plus dans cette activité. Chacun à ses préférences. Souris25 et trois amies professeures de Joliette en relâche ont un faible pour les jeux d’adresse et d’habileté.

Un septuagénaire de Québec Serge (Desnos) adore les énigmes historiques; d’ailleurs, il me raconte tout le plaisir qu’il a eu lorsqu’il a découvert l’histoire d’Anne Stillman et du Domaine McCormick en cherchant des caches.

Mais le trait commun entre tous ces mordus et les cueilleurs, c’est l’aspect ludique, le jeu de chercher et de découvrir.

Quel rapport avec la cueillette des champignons?

L’exploration géographique les amène à étudier un sujet (souvent à la maison) et à partir à l’aventure pour le découvrir.

La mycologie est semblable; les mycologues sont à la base, des amants de la nature qui ont comme prétexte de se rapporter à souper (pour les gourmands) ou de rapporter une espèce nouvelle à étudier (pour les scientifiques).

Pour y arriver, les mycologues étudient les livres et naviguent sur internet. Ils amassent les indices les menant au butin: lesdits champignons.

Même motivation

Observer l’écologie selon l’altitude, la saison, les précipitations sont les indices du cueilleur de champignons.

Le jeu de découvrir l’espèce convoitée est la vraie motivation. Vais-je y parvenir? Aurais-je les connaissances, la bonne stratégie de recherche?

J’ai donc reconnu les mêmes traits entre les géocacheurs et les cueilleurs.

L’objet voyageur

Comme je l’ai décrit ci-haut, une cache est à localiser à un endroit fixe. Il existe d’autres types d’objets à trouver, les travel bugs (excusez l’anglicisme qui est la norme internationale). Il s’agit d’autocollants d’une fourmi à apposer sur votre voiture, par exemple. À l’épicerie, vous chargez vos sacs dans votre coffre arrière et vous remarquez ce logo sur la voiture d’à côté. Hop vous sortez votre cellulaire et vous consignez le numéro unique sur l’autocollant dans le logiciel et vous améliorez vos statistiques. Il s’agit d’un genre de cache mobile.

Le géocoin

Un autre type de cache mobile est une pièce commémorative. Dans ces photos ci-jointes, la pièce frappée à l’effigie de la cité de l’énergie, portant la mention Avalanche 2020 est un souvenir de cette journée. Cette pièce porte elle aussi un numéro unique enregistré chez Géocaching.com.

Un président aussi mycologue

Dans le grand hall tout comme dans les rues de Shawinigan, tous les géocacheurs se parlent et s’échangent les indices. Un grand homme vient vers moi et se présente. Je suis Pierre Rousseau (nom de géocacheur : TiPete prononcé à l’anglaise) le président de Géocaching Québec.

Tout en jasant, Pierre me confie qu’il a déjà été un mycologue et qu’il a marché tout jeune, dans les forêts à la recherche de nos forestibles en compagnie de son père et de nul autre que Monsieur René Pomerleau, un des précurseur de la mycologie au Québec.

Nous avons conversé pendant près de 90 minutes à propos des nombreuses possibilités qu’offre le géocaching, et leurs liens avec la quête des champignons gastronomiques. TiPete (oui, tous s’adressent la parole par leurs noms de géocacheurs)  me confirme que la quête des mycètes et des caches suscite le même plaisir chez les adeptes des deux camps.

Moi aussi, finalement

J’étais septique avant cette journée, mais la tentation a eu raison de moi. J’ai acheté un autocollant d’objet voyageur pour mon tracteur et une pièce souvenir afin d’avoir quelque chose à laisser découvrir à mes amis et mes clients géocacheurs lorsqu’ils me visiteront.

Découvert après seulement deux jours

Deux jours plus tard, je rencontre Marianne Dallaire et Catherine Marcotte, cueilleuses professionnelles chez Conscience Nature. Cette entreprise cueille et ravitaille plusieurs restaurants de la région durant toute l’année, notamment pendant le festival de la gastronomie forestière en octobre.

Tout en jasant, je sors mon Géocoin de mes poches pour trouver autre chose et surprise ! Marianne est aussi géocacheuse. Elle contemple ma pièce souvenir et note le code dans son carnet.

Vous aussi, notez ce numéro, enregistrer votre « Découverte » en indiquant la ville où vous vivez et où vous avez vu cet objet (dans un journal).

Des retombées économiques importantes

Avec plus de 200 géocacheurs venus de partout, plusieurs d’entre eux sont arrivés dans la région le vendredi soir et certains pour n’en repartir que le dimanche matin.

Les gites, hôtels, motels et restaurants, ainsi que les stations-services, les dépanneurs, les bars ont tous bénéficié de belles retombées économiques.

Jean Nadeau de la Rotisserie St-Hubert m’a confirmé qu’il avait reçu plus de 100 personnes pour le souper de clôture de cette grande activité. « Les gens voulaient arriver vers 17h et manger tôt, car plusieurs d’entre eux désiraient repartir vers leur domicile le soir même».

Chez Tourisme Shawinigan, on est fier d’avoir contribué à la réussite de ce grand rendez-vous.

Invitation aux géocacheurs de toute la province

Voici ma conclusion à ce long billet. Voilà deux ans que je cherche le moyen de tracer une route des champignons et je crois que l’ajout de caches thématiques au sujet des champignons tout au long des routes qui relient les restaurants servant des forestibles jusqu’aux fermes à champignons en passant par les boutiques de produits forestiers et de cultures ainsi que les endroits de cueillette ferait partie de la solution.

Je vais organiser prochainement une réunion pour initier, former et instruire des géocacheurs sur la mycologie et construire avec eux les potentielles questions et indices à caractère mycologique pour qu’en échange, ceux-ci puissent créer des caches de tous les types dans toutes les régions où l’on peut visiter, goûter, acheter des champignons et des forestibles. Ensemble nous allons créer cette route virtuelle !

Si vous avez le goût de contribuer en plaçant une nouvelle cache de la route des champignons à travers le Québec, svp veuillez me contacter par courriel à l’adresse suivante : mycoroute@gmail.com

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Stéphane Lamanna est un mycologue amateur de Grandes-Piles passionné de permaculture intégrant les méthodes éprouvées, innovantes et expérimentales.  Au fil de ses chroniques, il souhaite partager sa passion de l’étude des champignons et de leurs propriétés insoupçonnées.