Une répétition de la crue de 2022 n’est pas sur le radar

ENVIRONNEMENT.  Avec un niveau de neige au sol légèrement supérieur à la moyenne des trente dernières années en date du 15 mars, Hydro-Québec juge peu probable une répétition de la crue historique de 2022 qui s’était fait ressentir jusqu’au début du mois de juillet sur la rivière Saint-Maurice. 

« Le couvert de neige est important, mais ce qui fait la différence, c’est la séquence de pluie et de température douce lors de la fonte des neiges et ça, on ne peut le prévoir sur une longue période », a précisé Rémi Robbe, ingénieur en gestion hydrique chez Hydro-Québec, en ajoutant que c’est la nature qui a toujours le dernier mot.

La société d’État s’est prêtée le 21 mars dernier à son traditionnel exercice de prévision de la crue printanière et elle s’est attardée plus longuement à celle de 2022 qui s’est avérée la 3e plus importante depuis que ces données sont compilées.

Avec des températures qui ont parfois atteintes – 40 degrés Celsius en Haute-Mauricie, le mois de janvier 2022 a été le 4e plus froid enregistré au cours des 103 dernières années (3,6 degrés Celsius en bas de la moyenne).

« Il y a eu très peu de redoux à l’hiver 2022 et à la fin mars, on s’est retrouvé avec un couvert de neige de 10 à 20% supérieur à la moyenne. Au printemps, la fonte était moins avancée qu’à l’habitude et on a eu deux fois plus de pluie que la moyenne en mai (75 mm du 15 au 17 mai) et 1,5 fois plus en juin. C’est la combinaison de ces deux facteurs qui explique la crue exceptionnelle de l’an dernier », a expliqué pour sa part Fanny Payette, conseillère en hydrométéorologique chez Hydro-Québec.

Ce qui permet à la société d’État d’être plus optimiste en 2023, c’est qu’en janvier de cette année, la température a été de 4,7 degrés Celsius au-dessus des normales. « On a donc commencé à accumuler le stock de neige au sol beaucoup plus tard. Il y a eu par la suite de bonnes quantités de neige qui sont tombées, mais on est présentement juste un peu au-dessus de la moyenne (85 cm ou 2,78 pieds en Haute-Mauricie au 15 mars). On a vraiment eu deux hivers qui ne se ressemblent pas », a souligné Fanny Payette.

Impacts des changements climatiques

Signe que les changements climatiques font maintenant partie de notre réalité, Hydro-Québec a utilisé une partie de sa présentation pour en expliquer les impacts sur la rivière Saint-Maurice au cours des prochaines décennies. Conseiller en développement durable chez Hydro-Québec, Jean-Philippe Martin a souligné que les changements climatiques sont déjà amorcés depuis longtemps, soit au début des années 1980 alors que les températures ont commencé à grimper.

« Même si on devait limiter au maximum nos émissions de gaz à effet de serre (GES), on va en subir les impacts jusqu’en 2040 avant de voir la situation s’améliorer », a souligné l’expert. Pour la rivière Saint-Maurice, cela signifie dans un horizon de trente ans des crues printanières plus hâtives parce que les températures vont augmenter (de 1,8 à 2,6 degrés Celsius) et des quantités de pluie plus importante (19 à 25%). « On va recevoir moins de neige en basse Mauricie, mais légèrement plus au nord », prévoit Jean-Michel Martin.

Dans ses prévisions pour le sud du Québec dont fait partie la Mauricie, Hydro-Québec prévoit qu’en 2050, la température sera en hausse de 3,5 degrés Celsius et une augmentation de 10% des quantités de pluie.