Une collection de vêtements inspirée du Saint-Maurice

MODE. Grand tournant et retour aux sources pour Markantoine Lynch-Boisvert, alors que le 26 septembre dernier, le designer shawiniganais présentait sa collection printemps/été 2026, intitulée Saint-Maurice. Cet événement signature était présenté au Grand Quai du Vieux-Port dans le cadre de la Semaine de la mode de Montréal.

Cette collection est un hommage aux récits tissés par le temps et aux échanges culturels. Ancrée dans les racines shawiniganaises de Markantoine, une ville où l’industrie et la nature ont longtemps cohabité au rythme de la rivière Saint-Maurice, elle célèbre le vêtement comme témoin du temps qui passe.

“Je pense que je suis à un tournant dans ma vie. Je suis vraiment content de pouvoir revenir à Montréal pour présenter cette collection! Je voulais parler un peu d’où je viens, et c’est important pour ma mère que je mentionne que je suis un petit gars de Shawi !, lance-t-il. Je l’ai tellement mis de l’avant que je me suis dit qu’il était temps que je fasse une collection qui parle un peu de mes racines. “

“Je fais toujours des choses ancrées dans la pop culture en général, mais cette collection, je l’ai créée pour moi. Je fais un retour après avoir arrêté pendant un an et demi, et je reviens avec mon identité. J’ai fait quelque chose de plus poétique, de plus romantique. Je voulais faire un peu découvrir mon petit coin de pays au travers des pièces et de l’histoire de Shawinigan. “

À travers des matières naturelles et patinées, chaque pièce raconte l’histoire de celles et ceux qui ont bâti Shawinigan : des draveurs dansant sur les troncs flottants aux dompteurs des forêts bordant les rives. Les silhouettes mêlent la robustesse du vêtement traditionnel de travail au raffinement de l’uniforme d’antan, imprégnées des murmures d’un savoir ancestral, échos de celles et ceux qui ont foulé ces terres bien avant nous.

” Je trouve que l’identité québécoise est en train de se recentrer. On voit qu’il y a une nouvelle fierté d’être Canadien ou Québécois, et avec tout ce qui se passe internationalement, ça va aider à s’identifier encore plus à notre pays ou notre province. Recentrons nos énergies ici et remettons un peu les lettres de noblesse du Québec, de Shawinigan, de l’avant, et racontons un peu notre histoire au travers de la mode ! “

Les origines de l’art

Dès son tout jeune âge, Markantoine est très attiré par les arts et le théâtre. Il avoue avoir voulu devenir un grand comédien et démontrait une fascination pour les tapis rouges et les tenues des stars. ” Je pense que c’est parti de là, ma passion pour la mode ! “, raconte Markantoine.

Très tôt, il a pris la décision de quitter Shawinigan pour se diriger vers la métropole pour étudier la mode au Collège LaSalle.

Par la suite, plusieurs points forts sont venus marquer le parcours du designer. L’un des touts premiers est d’avoir fait l’exposition de Thierry Mugler au Musée des Beaux-Arts à Montréal. ” Connexe à l’exposition, dix créateurs montréalais étaient exposés, et j’avais été choisi. “Ça m’avait fait vraiment chaud cœur, avant même mes 30 ans, d’être déjà exposé au Musée des Beaux-Arts de Montréal!” , dit-il.

Puis, en 2022, Markantoine a été le premier Canadien à participer à la compétition télé Making the cut, durant laquelle il a dû affronter différentes missions de couture, de design et de création.

Il a également participé à son premier défilé de la Semaine de mode de Paris en 2023.

Au fil de ces années, il a également peaufiné son image de marque, alors qu’en 2020, son entreprise a procédé à un rebranding. ” Avant, ça s’appelait vraiment Markantoine, avec toutes les lettres, mais les anglophones avaient de la difficulté à prononcer Markantoine !, raconte ce dernier en riant. C’est pour ça qu’on s’est tourné vers MRKNTN. On était également dû pour revoir notre logo.”

“Je voulais garder quelque chose de très simple, comme les grandes marques, et avoir mon prénom” , ajoute-t-il.

Et comment réussit-on à faire sa marque dans le milieu de la mode ? Ce n’est pas chose si simple. ” C’est quand même assez difficile en ce moment avec les réseaux sociaux et l’engouement des influenceurs partout dans le monde. Il y a tellement de nouvelles marques de vêtements haut de gamme et conceptuelles qui éclosent en ce moment. Mais c’est la beauté de la chose aussi en même temps” , concède-t-il.

“Ça a toujours été quelque chose que je voulais faire, créer ma propre marque. Je veux créer ici, localement. Je veux que mes pièces soient quand même accessibles, que ce soit au grand public, aux passionnés de mode et à ceux qui voudront bien les porter. On a quand même une partie de la collection qui est un peu plus grand public, et une autre qui est un peu plus créateur artisanal, je dirais.”

“Avec mon petit côté théâtral, j’ai toujours voulu faire des shows, et les défilés de mode, c’est une belle façon de pouvoir me raconter en tant que créateur. C’est important pour moi de raconter une espèce d’histoire à chaque collection que je présente.”

Trouvant qu’il n’y en avait pas assez à Montréal, il a travaillé fort pour mettre les créateurs de l’avant, réanimer l’industrie de la mode dans la métropole et ramener les Semaines de la mode à Montréal. “Je pense qu’il y a un engouement en ce moment, car on a beaucoup de nouveaux créateurs, et on le voit avec la Semaine de la mode qui est revenue à Montréal il y a quatre ans, se réjouit le désigner. Je fais partie des gens qui veulent créer cette place-là pour les futures générations” , conclut-il.