Sainte-Anne-de-la-Pérade: une longue rencontre citoyenne prend fin abruptement

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. Sainte-Anne-de-la-Pérade est sur le point de décider si elle joint la Régie portneuvoise de protection incendie (RÉPPI) ou si elle maintient son affiliation avec le Service de sécurité incendie de la MRC des Chenaux. La décision finale pourrait être prise lundi prochain à la séance ordinaire du conseil municipal.

C’est à la demande d’un groupe de citoyens que les représentants de la MRC des Chenaux sont venus à la rencontre de la population mercredi soir, après la présentation publique faite par ceux de la RÉPPI en juin. Ces citoyens, qui ont eu des discussions avec quelques représentants de la MRC, trouvaient important de présenter à la population les deux côtés de la médaille avant que le conseil municipal se prononce, ce qui aurait dû se faire à la séance de juillet. La résolution d’autorisation de signature avait alors été reportée.

Une centaine de personnes, incluant les pompiers de Sainte-Anne-de-la-Pérade, assistaient à la présentation au Centre récréatif Jean-Guy Houle.

Le fonctionnement et le rôle du Service de sécurité incendie de la MRC des Chenaux a été expliqué en détail pendant près d’une heure. Le directeur général de la MRC, Patrick Baril, a notamment indiqué que le schéma de couverture de risque demeurera, dans un scénario comme dans l’autre, sous l’autorité de la MRC.

“Le schéma est fait par territoire de MRC. Si la Municipalité prend la décision de joindre un regroupement hors-MRC, comme dans votre cas, le schéma qui va être décidé, voté, adopté par la MRC des Chenaux, est celui qui va quand même s’appliquer sur le territoire de votre Municipalité. La RÉPPI devra respecter les engagements du schéma déterminé par la MRC des Chenaux.”

La soirée d’information nous aura permis d’apprendre qu’un projet de regroupement, sous forme de régie, est en discussion à la MRC des Chenaux qui créerait un seul service d’incendie pour gérer l’ensemble de la MRC.

“En 2018, on avait fait des études, a expliqué le préfet de la MRC des Chenaux, Guy Veillette. La proposition à ce moment-là coûtait cher. On avait inclus beaucoup de choses. C’était lourd comme mécanisme. Alors que ce qu’on se dirige pour faire actuellement, on part dans une première phase d’optimisation des forces présentes sur le territoire. La prochaine étape, c’est d’évaluer ce qu’on a comme actifs, uniquement les équipements qui servent au combat des incendies. On rapetisse un petit peu le format de ce projet-là. On n’est pas obligé que ce soit toutes les Municipalités qui adhèrent à un regroupement. Si on a deux, trois ou quatre Municipalités qui sont prêtes à aller de l’avant, on va commencer comme ça.”

Les nouvelles orientations du gouvernement du Québec pourraient favoriser ce genre de regroupement, un peu comme ce qui avait été fait pour les corps policiers.

“Il y a trop de services incendie au Québec, ils veulent qu’on réduise ça, a indiqué le directeur du Service de sécurité incendie de la MRC, Benoit Ferland, qui a oeuvré à la MRC d’Autray, la première à procéder à un tel regroupement. La situation est la même pour Saint-Maurice et Notre-Dame-du-Mont-Carmel avec la proximité de Shawinigan et Trois-Rivières. Ils sont en réflexion. Ils ont le droit pour leurs enjeux: la proximité du territoire n’est pas la même, il y a des pompiers à temps plein à Trois-Rivières et à Shawinigan, ils n’ont pas le même temps de réponse.”

Au micro, un citoyen de Sainte-Anne-de-la-Pérade, Richard Lachance.

Période de questions

Le premier citoyen à prendre la parole au micro, Richard Lachance, a animé la première demi-heure de la période de questions, dirigeant des questions à l’un et l’autre des intervenants.

M. Veillette a été appelé à se prononcer sur un échéancier d’un éventuel regroupement par la MRC.

“On est au-delà de l’intention. Dans le calendrier préliminaire que Benoit nous a préparé, il y a déjà des actions en 2026. Si on trouve un modèle qui tient la route sur le plan économique, il ne faut pas partir en peur. Ça va être un work in progress. Il y a un modèle qui va s’établir, il y a des phases là-dedans. On regarde ce qu’on a puis on crée les structures, on optimise ce qu’on a. Si on a besoin d’un directeur de prévention, on en embauche un. Si on a besoin d’autres spécialistes, on va les chercher, mais au fur et à mesure, selon nos besoins, selon les projections qu’on est capable de faire.”

Un citoyen a questionné l’empressement du maire par intérim de Sainte-Anne-de-la-Pérade, Hugo-Pierre Bellemare, et a suggéré que la décision soit reportée après l’élection municipale générale de novembre.

“Ça fait un an qu’on évalue ce dossier-là, de bord en bord, a expliqué le maire. La raison pour laquelle on veut le faire ici, maintenant, c’est que si on dépasse ces dates limites-là, on doit payer pendant un an à la MRC des Chenaux tous les frais.”

Si Sainte-Anne-de-la-Pérade choisissait d’adhérer à la RÉPPI, les démarches doivent en effet être complétées 90 jours avant le début de la prochaine année.

“Il va y avoir une décision prise lundi prochain”, a-t-il statué, expliquant qu’il entend au sein de la population beaucoup d’appuis en faveur de la RÉPPI. “Si jamais on prend cette décision-là, on ne dit pas qu’on ne va pas revenir avec la MRC. Laissons-leur le temps de développer un regroupement. Dans trois, cinq, dix ans, si c’est opérationnel, si on est insatisfait avec la RÉPPI on retournera avec la MRC.”

Rappelons que des économies entre 15 000 $ et 30 000 $ annuellement sont anticipées avec la RÉPPI et que des augmentations de salaire sont prévues pour les pompiers qui laissent planer la menace d’une démission en bloc si la décision ne penche pas en ce sens.

Le président du conseil d’administration de la RÉPPI et maire de Cap-Santé, Michel Blackburn.

Fin abrupte

Vers la fin de la période de questions qui a duré une heure trente, la présence du président du conseil d’administration du RÉPPI et maire de Cap-Santé, Michel Blackburn, a déplu à plusieurs personnes dans l’assemblée. En prenant la parole, il a comparé le projet de regroupement de la MRC avec la RÉPPI.

“Vous parlez au futur, nous on parle au présent.”

Par la suite, le citoyen Richard Lachance a repris le micro et a offert ses excuses aux représentants de la MRC en s’adressant au président de la RÉPPI.

“Je vais m’excuser auprès de la MRC des Chenaux. Je suis gêné. Quand la RÉPPI vous êtes venus ici, il n’y avait personne de la MRC des Chenaux qui était là. Ce soir, vous êtes là, ce n’est pas correct.”

D’autres citoyens l’ont appuyé et ont émis leur opinion tous en même temps. Des insultes ont été proférées au maire. M. Blackburn a choisi ce moment pour annoncer qu’il quittait, mais devant le tumulte, le maire Bellemare a mis fin à la rencontre quelques secondes plus tard.