L’entente entre TES et la MRC de Mékinac adoptée malgré le chahut
MRC DE MÉKINAC. La séance extraordinaire du conseil des maires de la MRC de Mékinac visant l’adoption de l’entente entre TES et la MRC, déplacée à la salle Aubin de Sainte-Thècle pour accueillir plus de gens, s’est déroulée dans le désordre et s’est conclue en queue de poisson.
Dès que la préfète Caroline Clément a pris la parole, des voix provenant de l’assistance se sont mises à scander « Nous ne consentons pas », en boucle, afin de perturber le déroulement de la séance.
Une citoyenne de Sainte-Thècle a tenté de convaincre les manifestants de laisser place aux informations que la MRC souhaitait partager, en vain.
« Si on veut avoir accès à cette séance-là et aux informations, il faut arrêter pour le moment. Ça va s’arrêter si on n’arrête pas! »
La séance a été ajournée pendant une quinzaine de minutes pendant lesquelles les maires et mairesses se sont retirés. Les voix ont repris inlassablement leur slogan dès le retour de ces derniers dans la salle. La préfète s’est excusée auprès des citoyens et citoyennes qui s’étaient déplacés pour assister à la séance.
Le conseil a adopté l’entente, dont les détails ont été révélés en breffage technique en fin d’après-midi. Le maire de Hérouxville, Michel Tremblay, s’est opposé.
Plus de 150 résidents et résidentes ont assisté à la courte séance extraordinaire visant l’adoption de l’entente entre TES et la MRC de Mékinac.
De l’aveu même d’une des porte-parole du collectif Toujours maîtres chez nous, Carole Neill, la tactique visait à faire dérailler la séance et à empêcher ou reporter l’adoption de l’entente.
« Notre position, c’est qu’ils ne sont pas légitimés de conclure une telle entente. Quand on regarde le calendrier, ils avaient le temps, après les élections, après avoir été chercher un mandat en bonne et due forme, ils ont le temps de négocier avec TES. On sait que les élections vont être là-dessus. Donc: je suis clair avec ma communauté, je leur dis que je pense que c’est un bon projet, que ces retombées économiques-là sont importantes puis je viens chercher un mandat en bonne et due forme. Je ne leur reproche pas d’être d’accord (avec le projet) puis de promouvoir ça. Moi, je pense que c’est une privatisation de l’électricité et qu’on ne devrait pas faire ça, mais ce que je dis, c’est qu’ils n’ont pas pris la peine d’aller chercher un mandat légitimé avec leur population. »
Mme Neill craint que le BAPE puisse interpréter l’entente comme un appui de la MRC au projet de TES.
« Vous êtes commissaire au BAPE. Vous entendez tout le dossier puis vous entendez que la MRC, les élus, ont convenu d’une entente avec la compagnie mais ils disent qu’ils sont neutres. Comment vous allez interpréter ça? C’est cousu de fil blanc. Ils ont le droit d’être pour. Mais qu’ils le disent à la population et qu’ils aillent tous se chercher un mandat, Ils n’arrêtent pas de nous dire: attendez le BAPE, et eux autres, ils s’empressent à négocier. C’est un peu contradictoire. S’ils avaient voulu ne pas rompre le lien de confiance, ils devaient soit tenir un référendum, ce qu’ils ne veulent absolument pas faire, soit aller chercher un mandat lors des élections, qui sont dans à peine six mois. Le calendrier est idéal pour le faire. »
La préfète de la MRC de Mékinac se désole de la tournure des événements.
« On l’a adoptée par-dessus la mêlée. Malheureusement. C’est vraiment dommage. Ils n’auront pas les explications. Je trouve ça extrêmement désolant que ça ait pris cette tournure-là. Ça fait des jours qu’on travaille, toute l’équipe ensemble, pour essayer de faire quelque chose de vraiment adéquat, une belle présentation. On a quand même eu des experts pour venir expliquer convenablement, vulgariser l’entente. Je suis déçue pour ceux qui voulaient l’entendre. »
Mercredi soir, le conseil des maires tiendra sa séance régulière du mois de mai dans les locaux habituels de la MRC à Saint-Tite en l’absence des deux personnes qui ont accompagné la MRC dans ses négociations avec TES.
« Je m’attends à des questions concernant l’entente. Je trouve ça d’autant plus désolant que j’avais les deux experts qui auraient pu vulgariser le truc. Les mêmes citoyens probablement qui étaient là ce soir, vont essayer de venir avoir de l’information. Le meilleur moment pour parler de cette entente-là, c’était ce soir. On avait accepté d’étirer la période de questions d’une demi-heure supplémentaire pour que le maximum de personnes puissent questionner. »
À la reprise de la séance après l’ajournement, Mme Clément a vu plusieurs mains se lever lorsqu’elle a demandé qui voulait avoir les informations. Ceux et celles qui continuaient à dire « Nous ne consentons pas » ont gagné leur pari.
« Je ne sais pas c’était quoi leur intention derrière ça, mais au final, ça ne s’est pas soldé probablement comme ils pensaient. Ils ne consentaient pas à quelque chose dont ils ignoraient les paramètres. Je comprends le principe. Ils sont en défaveur de tout ce qui touche à ce projet-là. Ça s’est orchestré comme ça ce soir. Ils sont venus enlever un temps précieux à ceux qui auraient voulu avoir de l’information supplémentaire. C’est pour ces gens-là aussi qu’on faisait la présentation. »
Des agents de sécurité étaient présents dans la salle, mais aucun débordement n’est survenu. Deux voitures de patrouille observaient les manifestants à l’extérieur de la salle Aubin dans l’heure qui a précédé la séance.