Le lac Sassamaskin redevient le lac Saint-Thomas…

TOPONYMIE. La Commission de toponymie du Québec est revenue sur sa décision le 26 mars dernier après avoir étudié la demande de révision de la SÉPAQ. Le lac Saint-Thomas, situé dans la Réserve faunique du Saint-Maurice, ne sera finalement plus rebaptisé par son nom historique. Le nom Sassamaskin sera néanmoins utilisé pour désigner un ruisseau, des îles ainsi qu’une petite partie au nord-est du lac.

«Nous sommes entièrement satisfaits de cette décision», informe Simon Boivin, porte-parole pour la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ). «Cette nouvelle dénomination des lieux directement en contact avec le lac Saint-Thomas est chargée d’une symbolique qui témoigne d’une relation pacifique entretenue avec la nation atikamekw», ajoute-t-il.

Rappelons que le 5 décembre 2017, à la suite d’un long processus, la Commission de toponymie du Québec rebaptisait le lac Saint-Thomas pour le lac Sassamaskin.

Évoquant des raisons historiques et de notoriété, la SÉPAQ, avec l’appui de la MRC de Mékinac, a déposé cet hiver une demande de révision pour conserver le nom de lac Saint-Thomas. Ce dernier était officiellement utilisé depuis 1963, année où la SÉPAQ a commencé à en assurer la gestion.

«Le lac Saint-Thomas est un joyau dans notre réseau et il y a une notoriété importante auprès des pêcheurs, notamment en raison de la taille des poissons qu’on peut y pêcher», rappelle Simon Boivin.

Déception et incompréhension

«Ils ont voulu faire plaisir à tout le monde.» Le Latuquois Denis Adams, fervent d’histoire régionale et amateur de chasse et de pêche, est à l’origine de la demande initiale auprès de la Commission de toponymie du Québec. La famille Adams fréquente ce lac situé à une quarantaine de kilomètres au sud de La Tuque depuis 1855.

Le lac est situé dans la Réserve faunique du St-Maurice.

À la suite de ses démarches qui auront duré près de trois ans, M. Adams se dit déçu de ce revirement de situation «imprévisible». Il avait d’ailleurs obtenu l’appui de la Ville de La Tuque,  ainsi que celui du Conseil de la nation Atikamekw (CNA) pour ramener le nom de Sassamaskin.

«Pour rendre sa décision du 5 décembre 2017 la Commission a pris plus de deux ans et demi. (…) Pour rendre sa décision du 26 mars elle a pris moins de deux mois! Pour quels nouveaux motifs?», déplore-t-il. «La seule raison c’est l’utilisation des 160 pêcheurs qui le fréquentent chaque année», estime-t-il.

Il trouve dommage que la Commission de toponymie n’ait pas contacté les deux parties pour discuter pendant le processus de révision.

«Je ne crois pas que la Réserve faunique du St-Maurice soit au courant de la valeur du nom Sassamaskin et de toute l’histoire qui y est rattachée», estime celui qui avait fourni un document d’une quinzaine de pages à la Commission de toponymie du Québec. «Ce nom a une longue histoire.»

Le terme Sassamaskin signifie «là où on se penche». Il était notamment associé à la cueillette de petits fruits. Selon ses informations, une carte datant de 1899 et publiée en 1919 identifiait déjà le plan d’eau comme étant le «Lac Sassamaskin ou Saint-Thomas». Une erreur d’interprétation de fonctionnaires aurait injustement attribué l’appellation de Saint-Thomas au lac Sassamaskin.

Avec la collaboration de Michel Scarpino.