La MRC de Mékinac entend faire pression auprès du gouvernement

POLITIQUE. La MRC de Mékinac a décidé de prendre position devant la hausse faramineuse du prix des baux de villégiature pour le pôle Sainte-Thècle. Lors de la séance publique du mois d’août, les dix maires ont adopté à l’unanimité la résolution de demander au gouvernement de «corriger l’iniquité touchant le pôle de Sainte-Thècle», qui touche 140 terrains.

«Le prix annuel de location sur les terres publiques à Sainte-Thècle vont tripler d’ici 2020. Il y a certains endroits d’ailleurs où il sera supérieur à celui de Mont-Tremblant. Ça ne fait aucun sens que ce soit aussi élevé dans une région comme la nôtre», estime le préfet de la MRC de Mékinac et maire d’Hérouxville, Bernard Thompson.

«Concrètement, on a commencé par adopter une résolution au conseil. Par la suite on a l’intention de faire des représentations au gouvernement. On va monter aux barricades parce que ça n’a aucun sens», poursuit le préfet.

Rappelons que depuis 2011, la MRC de Mékinac est responsable de la gestion des baux villégiature, même si c’est le gouvernement qui continue décréter, aux cinq ans, le prix de location pour chacun des pôles en fonction d’une évaluation de la valeur des terrains.

Pour celui de Sainte-Thècle, la hausse du prix annuel des baux représente une augmentation de 302% qui s’échelonnera jusqu’en 2020. Pour un terrain situé à l’intérieur d’un rayon de 30 kilomètres de Sainte-Thècle donc, le prix de location passera de 1200$ par année à 3025$ en 2020.

Une évaluation basée sur un seul terrain

«Le pôle de Sainte-Thècle a été évalué à partir d’un seul terrain, situé au lac des Trois-Milles et qui a été vendu au gros prix. Comment peut-on décider que ça va coûter tant en se basant sur une seule habitation? Ça n’a aucun sens», poursuit le préfet de la MRC de Mékinac, Bernard Thompson.

«Quatre pôles touchent le territoire de la MRC de Mékinac. Pour celui de Saint-Thècle, la hausse est astronomique», appuie Louis Filteau, directeur du service d’aménagement du territoire à la MRC de Mékinac.

Le pôle de Sainte-Thècle comprend 140 terres publiques en location, réparties à Sainte-Thècle, Lac-Aux-Sables, Notre-Dame-de-Montauban, Trois-Rives, Saint-Roch et Grandes-Piles. 85 des 140 terrains se retrouvent à moins de 30 kilomètres de Sainte-Thècle.

«Le ministère attribuait une valeur de 20 000$ pour un terrain de villégiature. En 2020, il dit que ce sera 60 500$. On triple la valeur de référence (de 302%)», indique Louis Filteau. «Ce n’est pas une valeur marchande nécessairement, c’est une valeur de location. C’est la valeur qui est utilisée pour calculer le loyer», précise-t-il.

«Après avoir fait un ajustement de loyer dans les années 2011, 2012, 2013, ils ont ensuite déterminé un terrain de référence, pour que ce soit plus simple. Sauf que, par hasard, le terrain de référence situé au lac Trois-Milles a été vendu pour plus de 60 000$ à quelqu’un de l’extérieur qui l’a acheté au gros prix. Ils se sont dit que ça avait beaucoup évolué pour le pôle de Sainte-Thècle au lieu de refaire une évaluation globale de l’ensemble du pôle. Ça ne représente pas du tout le marché», estime Louis Filteau.

«Il y en a pour qui ce sont de petits camps de chasse et de pêche. Ils sont loin dans le bois, ça prend un VTT pour s’y rendre. Ça commence à coûter cher pour avoir un terrain», lâche M. Filteau.

Trop peu, trop tard?

Gilles Levac est le président du Regroupement des locataires des terres publiques (RLTP) pour la région de la Mauricie. Il estime que cette position de la MRC de Mékinac est bien accueillie, mais qu’elle survient un peu tard.

«Une chose que je ne comprends pas, c’est qu’on sait depuis 2015 que ça va augmenter à ce point. Nous avons déjà fait des démarches avec le regroupement pour sensibiliser les MRC à ce sujet. Il aurait fallu réagir avant le 1er janvier 2016 où c’est entré en vigueur», déplore-t-il.

Cette hausse rappelle la dernière qui avait lieu en 2010. «Ça fait deux hausses successives qui sont trop élevées. Ça n’a pas d’allure d’être haut comme ça. C’est beaucoup. En 2010 ces gens payaient 400$ (pour le même terrain). C’est aberrant», soutient Gilles Levac.

«On a déjà rencontré le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles Pierre Arcand (l’automne dernier). Il nous a dit qu’il était trop tard et de retourner le voir dans cinq ans», dit celui qui apprécie tout de même la position de la MRC de Mékinac. «Il n’est jamais trop tard de faire coalition. Il faut qu’on se serre les coudes.»

Le calcul des tarifs

«Les tarifs des baux de villégiature sont revus aux cinq ans», rappelait en janvier Nicolas Bégin, de la Direction des communications au Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Selon ce dernier, la méthode de calcul des taux a été établie à la suite d’une consultation avec plusieurs intervenants, dont le Regroupement des locataires de terres publiques, en 2003.

«La façon de calculer tient compte des pôles de référence (…) Ça fonctionne un peu comme la valeur des propriétés immobilières. Chaque pôle a une valeur donnée et plus vous vous éloignez de ce secteur, plus la valeur diminue», résume M. Bégin. Dans certaines régions, les terres ont pris beaucoup de valeur, comme ils en ont perdu dans d’autres.

«C’est certain que ça rapporte des revenus pour l’État, admet Nicolas Bégin, mais dans plusieurs régions du Québec, 50% des revenus tirés des baux de villégiature vont directement aux MRC (ou villes)». C’est notamment le cas en Mauricie pour la MRC de Mékinac.

Baux de villégiature du pôle Sainte-Thècle (rayon de 30 kilomètres) Prix de location annuel:

2015: 1200$/année

2020: 3025$/année

*Source MRC de Mékinac

Valeur de référence pour le calcul du loyer:

2015: 20 000$

2020: 60 500$

*Source MRC de Mékinac