Inquiétude chez les producteurs acéricoles
ACÉRICULTURE. La saison des sucres approche à grands pas et les producteurs acéricoles l’ont à la dure cette année en considérant les épisodes de verglas et l’accumulation de neige qui pourraient avoir un impact sur la production. L’Hebdo s’est entretenu avec Éric Bouchard, le président des producteurs et productrices acéricoles de la Mauricie afin d’avoir un portrait global de la saison qui arrive.
Tout d’abord, l’enjeu pour la majorité des producteurs était d’enlever la neige sur les tubulures qui permettent d’apporter l’eau d’érable au bâtiment de transformation. En étant toujours enfouie sous la neige, l’eau d’érable gèle dans les tubulures.
En 2008 lorsqu’il y avait de la neige en abondance, la production acéricole a été en baisse de plus de 60% comparativement à la moyenne. «En 2008, on produisait en bas d’une livre à l’entaille alors que la moyenne peut varier entre 2 livres à 2,5 livres à l’entaille. On ne cachera pas qu’on est tous un peu inquiets en se rappelant l’année 2008. On avait beaucoup de travail dans les érablières pour peu de production. Cette année c’est un peu ça. Le verglas a compliqué les choses aussi cette année parce que beaucoup de branches cassées sont tombées sur les petites tubulures alors elles ont été enfouies au sol dans la glace. Ç’a été un gros travail pour tous les producteurs de relever ça», explique Éric Bouchard.
Mais il ne s’agit là que d’une partie de la problématique cette année. «Avec l’épais couvert de neige, les entailles seront plus hautes cette année. Il y aura un enjeu lorsqu’on devra retirer les entailles. Il y a des endroits où les entailles seront à 12 ou même 14 pieds de haut. Un autre enjeu cette année sera le dégel de l’arbre. Comme il y a beaucoup de neige et même de la glace autour des arbres, si ça ne fond pas, les arbres resteront geler. Ça va nous prendre de la pluie et du soleil pour détourer les arbres et que la base dégèle», ajoute M. Bouchard.
Le président précise que les trois dernières années ont été assez bonnes pour les producteurs, ce qui a permis de garnir la réserve provinciale de sirop qui peut servir à tous les producteurs en cas d’une année moins faste. «J’avais eu une production de 5 livres à l’entaille, ce qui est excellent. Nous avons près de 100 millions de livres de sirop dans la réserve provinciale.»
Le verglas
Avec les épisodes de verglas en décembre et janvier dernier, plusieurs branches d’arbres se sont cassées et cela peut avoir un impact important à court, moyen et long terme sur la production. «Une entaille, c’est une blessure qu’on fait à l’arbre pour que la sève coule. Comme l’arbre a subi des blessures avec la perte de branches, une partie de l’eau peut couler à ces endroits. Oui, il y a un impact sur la production pour la production, mais ce n’est pas aussi important que pour le futur. Un arbre qui perd 50% de ses branches ne fera pas la même photosynthèse pour ses réserves. L’impact se voit surtout dans le taux de sucre dans l’eau. Puis, ce qui est choquant c’est pour les nouvelles générations qui allaient être entaillées. En étant plus petit, l’arbre a cassé et il faudra le couper au lieu de l’entailler.»
À quoi s’attendre de la saison?
«C’est une réponse plate, mais je vais pouvoir répondre quand la saison sera terminée. C’est vraiment ça parce que c’est dame nature qui décide. En Mauricie, l’eau va peut-être commencer à couler vers la fin de cette semaine. On espère que ça va décoller par la suite. Il n’y a pas une saison des sucres qui est pareille. Ça débute parfois à la mi-février et d’autres années au début d’avril», indique le président des producteurs de la Mauricie.