Femmes victimes de violence conjugale: des obstacles dans l’accès aux services

Les femmes victimes de violence conjugale de la région font face à plusieurs obstacles dans l’accès et l’utilisation des services en Mauricie et dans les communautés autochtones, d’après une étude menée par la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) et le Centre de recherche sociale appliquée (CRSA).

Les participantes à l’étude, soit 25 femmes vivant ou ayant vécu de la violence conjugale et 20 intervenantes, ont notamment évoqué les craintes de répercussions de dénoncer ou d’entreprendre des démarches, la précarité économique et la rupture sociale, les longs délais pour avoir accès aux services et aux ressources, ainsi qu’une méconnaissance des formes de violence conjugale par les personnes intervenantes de divers secteurs comme des freins pour accéder aux services.

« La méconnaissance des formes de violence conjugale dans les services peut notamment entraîner de mauvais diagnostics et de mauvais traitements médicaux parfois », fait remarquer Amélie Lanteigne, chercheure au CRSA.

Par ailleurs, des participantes ont aussi pointé du doigt le manque de continuité dans les services et les informations transmises aux femmes, ainsi que l’absence de certains mécanismes pour assurer la sécurité des femmes ont aussi été mentionnés.

L’étude s’est également penchée sur la situation des femmes autochtones vivant en communauté et hors communauté. Pour elles, la localisation des services et des ressources représentent un enjeu important.

« Les préjugés ciblant les autochtones sont tenaces dans les services allochtones. Il faut aussi considérer le poids des valeurs familiales, ainsi que la barrière de la langue lorsque les femmes doivent quitter leur communauté pour avoir accès à des services en français. Il y a aussi un enjeu de manque de confidentialité dans les communautés. Ce sont de petites communautés, les gens se connaissent et les choses finissent par se savoir », explique Mme Lanteigne.

En réponse aux difficultés et obstacles rencontrés, plusieurs pistes sont proposées par les participantes pour améliorer l’accès et l’utilisation des services. Celles-ci suggèrent de sensibiliser la population et les personnes intervenantes aux différents visages de la violence conjugale, de faire connaître davantage les ressources existantes et leurs services, mettre en place un système de transport d’urgence et un système d’aide financière d’urgence et améliorer l’accès aux services en psychologie et à l’aide juridique.

Ce projet régional visait à identifier les obstacles systémiques persistants ou nouveaux à la lutte contre les violences vécues par les femmes, notamment conjugale et sexuelle. Les pistes d’amélioration présentées dans l’étude ont servi d’inspiration à un plan d’action qui sera réalisé lors de la deuxième phase du projet.

Parmi les actions identifiées par la TCMFM, mentionnons la présentation d’ateliers thématiques sur les droits des femmes vivant des violences, l’organisation d’activités de prévention des formes de violence envers les femmes, la promotion d’un jeu interactif sur le rôle des témoins actifs dans les écoles des communautés Atikamekw et l’élaboration d’un état de situation sur la desserte du transport d’urgence pour mieux documenter la situation.

L’étude Les femmes à la croisée des oppressions en contexte de violence conjugale : Obstacles et pistes d’amélioration dans l’accès et l’utilisation des services en Mauricie et dans les communautés Atikamekw est disponible en ligne au www.tcmfm.ca sous l’onglet « Projets en cours ».