Énercycle veut augmenter la capacité d’enfouissement de 65%

CHAMPLAIN.  Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) mène jusqu’au 31 mars une période d’information publique à propos d’une demande d’Énercycle visant à faire passer de 150 000 à 250 000 tonnes de résidus la capacité annuelle du lieu d’enfouissement technique (LET) de Champlain. 

Le projet d’Énercycle fera l’objet d’une présentation publique ce lundi 13 mars à 19h au Centre Tricentenaire de Champlain. 

Le site d’enfouissement reçoit actuellement des résidus issus des secteurs résidentiel, institutionnel, commercial et industriel ainsi que de la construction, rénovation et démolition (CRD). Dans le cadre d’un projet pilote, il accueille aussi des résidus fins issus du procédé de tri et de recyclage des matériaux de CRD.

Puisqu’il atteindra sa pleine capacité au terme de l’année 2023. Énercycle voudrait y ajouter une capacité de 5,75 millions de mètres cubes, ce qui permettrait d’enfouir davantage de résidus fins de CRD (100 000 tonnes par année) et de desservir de nouveaux clients de l’Estrie, de la Montérégie et de la Communauté métropolitaine de Montréal. 

Énercycle prévoit l’aménagement de 17 cellules sur une superficie de 25,7 hectares. Elles seraient creusées à une profondeur de 6 à 12 mètres et entourées d’un écran d’étanchéité. Au-dessus du sol, elles s’élèveraient à une hauteur de 46 mètres. L’organisme entend munir ces nouvelles installations de systèmes de gestion des eaux pluviales, de collecte et de traitement des eaux de lixiviation (eaux percolant dans les massifs de déchets) et de gestion du biogaz. Il maintiendrait également une zone tampon de 50 mètres autour du site.

Chaque cellule ferait l’objet d’une phase de construction, d’exploitation et de recouvrement jusqu’à la fermeture du lieu aux alentours de 2045. L’initiateur effectuerait ensuite un suivi pour une période de 30 ans. Le coût du projet est estimé à 174 millions$.

L’aménagement des cellules entraînerait une perte de végétation terrestre de 25,5 hectares et de milieux humides (3 hectares au maximum). Il en découlerait une perte d’habitats fauniques, notamment pour des amphibiens, reptiles, mammifères et oiseaux, dont le pioui de l’Est, une espèce considérée préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril. À ce chapitre, Énercycle propose, par exemple, de revégétaliser chaque cellule dès sa fermeture.

Énercycle entend aussi respecter les critères et les normes entourant le climat sonore. Concernant la qualité de l’air, un dépassement de la norme en sulfure d’hydrogène (H2S) est toutefois attendu. Par ailleurs, des GES seraient produits tout au long du projet. Parmi les mesures pour limiter cet effet, le promoteur prévoit valoriser une partie du biogaz récupéré des cellules pour produire de l’énergie. Le reste serait brûlé.

Énercycle estime également que la circulation des camions s’intensifierait sur la route Sainte-Marie, qui croise un sentier de motoneige et côtoie une piste cyclable. À ce propos, il envisage, entre autres, d’augmenter la charge des camions pour en diminuer le nombre. 

Une audience publique ou non?

Les détails du projet sont contenus dans un document disponible au bureau municipal de Champlain ou sur le site web du BAPE (bape.gouv.qc.ca). Les citoyens, regroupements ou municipalités ont jusqu’au 31 mars pour transmettre au ministre de l’Environnement une demande de consultation publique ou de médiation à propos du projet. Le demandeur doit inclure dans sa lettre ou son courriel les motifs de sa demande et son intérêt par rapport au milieu touché par le projet. 

Si aucune demande n’est adressée, il n’y aura pas d’audiences publiques et le projet pourra aller de l’avant. Si au contraire, une ou des demandes sont adressées au ministre, celui-ci aura vingt jours pour décider pour soit convoquer des audiences publiques d’une durée de quatre mois, une consultation publique d’une durée de trois mois, ou enfin, une médiation entre le promoteur et le demandeur d’une durée de deux mois.