Choisir Saint-Adelphe pour s’autosuffire
SAINT-ADELPHE. Résidents en banlieue de Kingston en Ontario depuis 2016 en raison du travail, Véronique Bégin et son conjoint Jean-Philippe Marceau et leurs deux enfants Élodie et Félix ont fait le choix d’acheter une petite maison et la terre de plus de 200 acres pour établir leur nouvelle vie à Sainte-Adelphe. L’objectif? Vivre de la terre avec de l’agriculture régénérative pour s’autosuffire tout en voulant laisser un legs pour leur marmaille.
La petite famille a emménagé dans la petite maison au beau milieu du rang Price au début de l’été. D’abord occupé par le déménagement, le couple projette d’installer sur leur terre des ruches, des poules, et différents animaux comme des chèvres et des moutons pour créer une petite ferme dans le but de récolter le produit des animaux.
De son côté, Véronique détient sa propre compagnie en photographie. En plus de réaliser des contrats, elle donne des cours en ligne. Quant à lui, Jean-Philippe était technicien en optoélectronique pour les Forces armées canadiennes, c’est d’ailleurs pourquoi la famille était à Kingston. En raison de blessures aux chevilles, il a reçu sa libération médicale des forces armées.
Pourquoi avoir déménagé à Saint-Adelphe au beau milieu d’un rang de campagne? « La première raison, c’est pour se rapprocher de la famille puisqu’on vient de Québec », exprime Véronique.
« On voulait vivre de la terre au rythme des saisons. J’étais blasé du trafic et d’aller m’enfermer dans un bureau. Comme adjudant, je ne faisais que régler les problèmes des autres. Je commençais à éteindre des feux le matin et en fin de journée, j’étais brûlé. Je n’avais plus d’énergie à la maison et j’avais seulement poussé une souris et répondu au téléphone. Le rythme de vie que je voulais, ce n’était pas ça », admet Jean-Philippe.
En devenant producteur forestier, l’homme de la maison aménagera sa terre avec des ruches, une serre, des jardins, une petite ferme… « Je ne veux pas faire de l’exploitation commerciale pour vendre nos produits. Si on en a de trop, on donnera des produits aux gens du village, on fera du troc. Je vais sortir du bois aussi pour en faire de la planche. J’ai refusé un emploi à 100 000$ au gouvernement fédéral pour qu’on puisse vivre de cette façon. »
Le couple réfléchissait à réaliser ce choix de vie depuis près de trois ans. « Avec les changements qu’on voit dans le monde, on se demandait comment notre petite famille de quatre pouvait se préparer pour être plus résiliente. Peu importe ce qui arrivera dans l’avenir, on sait aussi que nos enfants pourront profiter de cette terre », ajoute le père.
Le choix a été fait en fonction du choix de la terre et pour se rapprocher de la famille, mais aussi pour la qualité de vie et la nature que l’on retrouve en Mauricie. « Des petits villages comme ça, c’est génial! Tout le monde nous connait déjà et on n’est même pas arrivé. Le voisin est arrêté chez nous quand on déménageait, j’ai déjà discuté avec le maire… », exprime Jean-Philippe.
L’homme de la maison se documente beaucoup concernant la permaculture et l’agriculture régénérative. « On ne fera pas d’agriculture conventionnelle. On fera beaucoup d’agroforesterie et je veux consulter des agronomes pour améliorer la résilience et la richesse du sol pour que ce soit nourricier pour les animaux. C’est un minimum d’action humaine pour le maximum de potentiel. Mais il faut faire le design et marcher le terrain. Je veux que les gens de la communauté viennent collaborer avec nous pour en retirer des profits pour partager les profits. Je vais travailler sur le design de la terre pendant l’hiver et on sera prêt à commencer l’été prochain. On veut éviter les modèles conventionnels. »
Comment les enfants vivent-ils cette nouvelle vie? « C’est le fun parce que je peux faire du vélo de montagne partout, et je vais pêcher avec une canne que je fais moi-même avec un bâton. On a deux petits lacs », répond Félix, âgé de 9 ans.
« J’aime ça ici. On a plus grand de terrain que notre autre maison. Je vais faire du vélo, j’ai un saule pleureur et des chats. Aussi, je veux vendre les œufs quand on en aura », répond timidement Élodie de ses 8 ans.