À la défense des poules patrimoniales
SAINT-ROCH-DE-MÉKINAC. Leurs ancêtres ont été élevés en Grande-Bretagne, en France, en Belgique et en Italie, mais c’est à Saint-Roch-de-Mékinac qu’ils picorent joyeusement aujourd’hui.
Bienvenue chez Feathers & Pines Farm…
C’est par passion pour les animaux et la photographie que Marlène Bonneville s’est lancée en 2016 dans l’élevage de poules patrimoniales, parfois surnommées poules de fantaisie ou d’ornement.
Un passe-temps qui ne la prédestinait pas à se retrouver il y a quelques semaines devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) pour défendre la trentaine d’éleveurs dans la province qui, comme elle, ne veulent pas être assujettis aux règles des Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ).
Feathers & Pines Farm est un important éleveur dans ce marché spécialisé et peu connu du grand public. « Mes clients, ce sont principalement des particuliers qui désirent avoir des poules patrimoniales dans leur basse-cour et quelques fermes d’élevage qui veulent avoir des poussins avec une bonne génétique », explique cette agricultrice, microbiologiste de formation. « Disons que mon ancien métier me sert quand il est question de génétique », sourit-elle.
Avec son élevage de 70 poules reproductrices et de 30 coqs reproducteurs, Marlène Bonneville récolte environ 3000 œufs d’incubation par année. « Le tiers environ est vendu à des clients qui vont s’occuper eux-mêmes de les faire éclore. Le reste, c’est moi qui m’en charge. On fait ensuite de la sélection chez les poussins pour ne garder que les meilleures sujets et renouveler l’élevage. Le but, c’est de conserver la race la plus pure possible. Tous les autres poussins sont vendus », explique la résidente de Saint-Roch-de-Mékinac.
À la défense des poules de races
Marlène Bonneville a été surprise l’automne dernier quand les Producteurs d’œufs d’incubation du Québec (POIQ) ont amendé leurs règlements afin d’intégrer les éleveurs comme elle dans leur giron, prétextant les risques que représentaient ces élevages en termes de biosécurité pour les poulaillers industriels.
« On ne l’avait pas vu venir du tout celle-là. Ils font comme si les poules leur appartenaient. Comme si c’était eux qui avaient inventé la poule », souligne avec ironie l’agricultrice. Près d’une centaine de demandeurs ont alors interpellé la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) pour contester la démarche des POIQ.
Des audiences ont finalement eu lieu en mars au cours desquelles Marlène Bonneville et une dizaine d’autres éleveurs ont fait valoir leur point de vue. « Ils veulent nous imposer le cadre dans lequel leur industrie fonctionne, mais ça ne peut pas marcher », insiste-t-elle.
Au départ les POIQ voulaient que seuls les éleveurs ayant moins de 15 poules reproductrices et 5 coqs reproducteurs, avec la vente d’un maximum de 500 œufs d’incubation par année, soient écartés de leurs règlementations. Devant le tollé de la proposition, les POIQ sont revenus avec un nouveau cadre proposant que seuls les éleveurs produisant entre 6000 et 30 000 œufs d’incubation par année soient contingentés. Pour les éleveurs produisant entre 1000 et 6000 œufs, le cas de Feathers & Pines Farm par exemple, les POIQ les exempteraient sous certaines conditions, dont celles de ne pas vendre à des couvoirs, de suivre une formation sur la biosécurité et fournir un relevé annuel de leur production et des ventes par races.
La RAAMQ devrait rendre une décision cet automne. Difficile pour Marlène Bonneville de prédire de quel côté penchera ce tribunal administratif, mais une chose est sûre, elle aurait mis fin tout simplement à son élevage si les POIQ s’en étaient tenus à leur première proposition. « Ça serait dommage car ces races patrimoniales là, s’il n’y a pas d’éleveurs comme moi qui les préserve, elles vont disparaître », conclut-elle.
Pourquoi le nom Feathers & Pines Farm? Une allusion à l’environnement dans lequel les poules se promènent: une grande forêt de pins rouges…
Races élevées chez Feathers & Pines Farm
Coucou de Malines (Belgique)
Bresse (France)
Cream Legbar (Grande-Bretagne)
Leghorn Exchequer (Italie)
Orpington Perdrix (Grande-Bretagne)
Orpington Argenté à liseré Noir (Grande-Bretagne)
Orpington Isabel Coucou (Grande-Bretagne)
Orpington Lavande Coucou (Grande-Bretagne)