10% plus de neige que la moyenne depuis 2010

BARRAGE.  À la veille du début de la crue printanière sur la rivière Saint-Maurice, le couvert de neige en date du 14 mars était environ 10% supérieure à la moyenne enregistrée entre 2010 et 2021 a indiqué Hydro-Québec lors d’un webinaire présenté à la mi-mars et visant à faire l’état de la situation. 

Avec 182 mm de neige, le secteur Mékinac et son réservoir du même nom est cependant dans la moyenne des douze dernières années et le plus bas couvert de neige de toutes les zones surveillées par Hydro-Québec ce printemps.

Ce couvert de 10% de plus que la moyenne est un seuil nettement supérieur à celui de 2021 à pareille date, mais moins qu’en 2017 qui avait été marqué par la crue printanière la plus importante depuis 1974, entraînant l’inondation de la route 155 et de plusieurs résidences.

Ce constat ne signifie pas pour autant que des inondations sont à prévoir a précisé Rémi Robbe, ingénieur en planification et production chez Hydro-Québec.  « Les quantités de neige ne sont qu’un élément de la crue. La séquence de pluie-température lors de la fonte de la neige reste l’élément le plus critique. C’est toujours la nature qui a le dernier mot. »

L’année 2021 l’avait bien démontré alors que les stocks de neige au sol à la mi-mars étaient les moins importants enregistrés depuis 1950. Cette mince accumulation de neige combinée à une crue hâtive et un déficit record de précipitation – la moyenne de pluie entre le 1er avril et le 15 juin 2021 a été 50% moindre que la moyenne des 70 dernières années – a fait que le niveau des réservoirs en amont de la rivière Saint-Maurice a été anormalement bas durant une longue période.

« C’est ce qui explique que le niveau d’eau estival à certains endroits est revenu à sa normale plus tard qu’à l’habitude », a expliqué Rémi Robbe. En Haute-Mauricie, le lac Châteauvert par exemple n’a retrouvé son niveau habituel que le 10 août seulement. Autre conséquence de la singularité de l’année 2021, le remplissage du réservoir Kempt, sur le complexe Manouane, a été complété vers la mi-septembre et à peine deux mois tard en novembre, Hydro-Québec rouvrait ses vannes en prévision du prochain hiver.  

À ce stade-ci, Hydro-Québec souligne que l’hiver rigoureux auxquels les Québécois ont eu droit en 2022 fait que ses cinq réservoirs (Gouin, Manouane, Taureau, Blanc et Mékinac), dont l’eau alimente en partie les dix centrales hydroélectriques du bassin versant de la rivière Saint-Maurice ont été fortement sollicité.

Changements climatiques vs Saint-Maurice

Par ailleurs, il a été question pendant le webinaire des changements climatiques et de leurs impacts potentiels sur le bassin de la rivière Saint-Maurice. Se basant sur les données d’Ouranos, un pôle d’innovation sur la climatologie au Québec, Rémi Robbe a souligné que pour l’horizon 2040-2070, les experts prévoyaient pour notre région des crues hâtives plus fréquentes et des printemps plus pluvieux. « Des éléments qui viendront encore plus complexifier notre travail », a-t-il reconnu.

Enfin, Hydro-Québec a profité de la présentation pour annoncer qu’elle rendait dorénavant disponibles ses données en temps réel (https://www.hydroquebec.com/production/debits-niveaux-eau.html) pour suivre le débit de la rivière Saint-Maurice et le niveau d’eau de ses réservoirs. Les données sont mises à jour deux fois quotidiennement et conservent un historique des dix derniers jours.