Valérie Limoges, une pilote qui carbure à l’adrénaline
• Au Salon de de l’auto de Montréal, un panel mettait en vedette quatre femmes inspirantes qui ont su briser les conventions.
• Nous nous sommes entretenus avec la pilote championne Valérie Limoges.
• La coureuse québécoise a été couronnée championne de la série Coupe Sentra en 2022.
Dans le cadre du Salon de l’auto de Montréal, édition 2023, Nissan a organisé un panel « L’adrénaline: moteur de changement », animé par Karine Vanasse, porte-parole de la marque. Quatre femmes inspirantes ont tour à tour pris la parole et expliqué comment à leur façon, elles ont brisé les conventions et su s’imposer comme leaders dans leur domaine respectif.Parmi les invitées à prendre place sur l’estrade se trouvait la coureuse Valérie Limoges. L’an dernier, elle est entrée dans l’histoire en devenant la première femme à décrocher un titre de championnat de série canadienne de courses en circuit, son couronnement ayant lieu suite à la Classique d’Automne au Circuit du Mont-Tremblant au Québec.
À voir : Coupe Nissan Sentra : Un premier titre historique pour Valérie Limoges
Bien qu’elle soit la première pilote féminine à remporter ces honneurs, Valérie se concentre davantage sur sa conduite et laisse les résultats parler d’eux-mêmes. « Moi je veux toujours gagner et performer. C’est quand je donne des entrevues que je réalise ce que j’ai accompli. »
Championne de karting
Au classement final du championnat, Valérie Limoges a raflé le titre avec 482 points, devançant de trois points son plus proche rival. « Le dernier championnat que j’avais remporté, c’était en 2001. J’étais la première fille à gagner le championnat québécois de karting. C’était une grosse affaire parce que dans la catégorie Shifter, il n’y avait que des gars. C’était rough et ça allait vite! Ce kart-là accélérait comme une Formule 1. »
« J’avais douze ans lorsque j’ai commencé à courser en kart. Je ne croyais pas au départ que ça pouvait devenir mon métier ». Initiée à ce sport par un père amateur de course automobile, Valérie a gravi les échelons et participé à de nombreux championnats des deux côtés de l’Atlantique.
À dix-huit ans, elle se lance en Formule 1 600 avant de passer à la Formule Renault, puis elle se tourne vers une série touring. Après ses débuts au pays, elle découvre, entre 2006 et 2008, l’univers de la course automobile au sud de la frontière, sous l’égide d’un manufacturier. « En 2007, j’ai fait les 24 heures de Daytona, c’était sur ma bucket list! Je crois que je suis la première québécoise et peut-être même la première canadienne à faire ça. La même année, j’ai été la première femme, toutes nationalités confondues, à obtenir une position de tête au Homestead Speedway à Miami. »
Freinée par la récession
La récession de 2008 met toutefois un frein à sa lancée en sol américain. Ce n’est qu’un obstacle de plus à surmonter pour la québécoise. « J’ai quand même pu courser aux États-Unis et être payée pour le faire. Il y a peu de gens qui ont eu cette chance. Si j’avais été américaine, j’aurais été dans des grosses équipes et je ferais probablement encore carrière là-dedans. Parce qu’en Europe et aux États-Unis, les budgets sont 100 fois plus élevés qu’ici. Au Québec et au Canada, on est un peu plus limité. »
En 2015, Nissan met sur pied la Série Coupe Nissan Micra dans laquelle Valérie embarque jusqu’en 2019, avant de graduer à la Coupe Nissan Sentra en 2020. Sa grande victoire est venue deux ans plus tard.Tant que cette série sera en santé et continuera à être compétitive, la voiture de Valérie se positionnera sur la grille de départ. « Je ne voudrais pas aller dans une autre série où il n’y a pas beaucoup de compétition, pour simplement faire du lapping et parader avec des véhicules plus vites et plus lents. Ce que j’aime de cette série, c’est que tout le monde est pareil ce qui permet des bonnes batailles en piste. »
Questionnée sur la possibilité de retourner courser dans le pays de l’oncle Sam, la pilote se dit trop vieille, alors qu’elle vient à peine d’entamer la quarantaine. « Quand j’ai fait les 24 heures de Daytona, j’avais 22 ans, j’étais dans une pente montante. Mais j’ai réalisé cette année que je suis dans une pente descendante. Je pourrais le faire, mais je suis réaliste, je ne serais pas assez performante, ça fait trop longtemps. » Comme quoi l’âge peut rendre plus sage ; cela dit, l’esprit compétitif, ça, ça reste. « Ça ne m’intéresse pas d’y retourner et de finir 15e, 20e ou 30e sur 50. Certains s’en contentent, mais pas moi! Je sais que je ne peux pas gagner toutes les courses et que je ne les gagnerai jamais toutes, mais si je ne suis plus compétitive, tu me perds! »
Le poids des commanditaires
Les commanditaires pèsent aussi très lourd dans la balance quand Valérie commence à penser à sa prochaine saison. « C’est grâce à eux que je peux courser. S’ils ne sont pas là, moi j’arrête parce que ça coûte trop cher. Juste les pneus sur ma voiture, c’est 2 000 $ à chaque course. » Il faut également ajouter les dépenses liées à l’hébergement des mécaniciens, à la nourriture, au transport et à l’essence. La facture grimpe rapidement. Sans compter qu’il y a parfois des risques d’accrochages et à l’occasion, des changements sur le véhicule sont nécessaires.
Bien qu’un minimum de talent soit requis pour faire carrière en course automobile, l’argent est essentiel selon la pilote. « Si tu n’en as pas beaucoup, tu dois être super bon pour cogner aux portes et te vendre pour trouver des commanditaires. »
« Mais lorsqu’on veut vraiment quelque chose, termine Valérie, on finit toujours par trouver un moyen d’y arriver. Parfois les chemins sont plus difficiles. On a tous connu des embûches mais il ne faut pas lâcher. Le travail et la pratique nous rendent meilleurs. Quand je suis moins performante sur une certaine piste, je vais aller pratiquer plus que les autres, afin d’essayer d’avoir un avantage pour la course suivante. »
Contenu original de auto123.