Objectif : assurer la survie du poulamon

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. Dès cet automne, l’organisme de bassin versant – la CAPSA entame des travaux de contrôle de l’érosion et de caractérisation de la rivière Sainte-Anne. Le but: réduire l’apport de sédiments à l’embouchure de la rivière pour assurer la pérennité du poulamon dans la rivière.

Sylvain Jutras, président de la CAPSA.

«C’est un projet majeur qui nous permettra de faire la caractérisation de la rivière Sainte-Anne sur une distance de 16 kilomètres. En ce moment, le poisson circule encore bien. Cependant, 100 000 tonnes de sédiments arrivent à l’embouchure de la rivière chaque année. Dans le contexte des changements climatiques,  c’est important de voir comment ça évolue et de se pencher sur la provenance de ces sédiments», souligne Stéphane Genois, chargé de projet à la CAPSA, l’organisme de bassin versant : Rivière Sainte-Anne, Portneuf et secteur La Chevrotière.

Au fil des décennies, plusieurs événements majeurs ont contribué à l’ensablement de l’embouchure de la rivière, comme l’éboulis de Saint-Alban, la construction de l’autoroute 40 et diverses activités humaines. D’ailleurs, des travaux de contrôle de l’érosion ont été réalisés, en août, sur un premier site d’érosion où la berge a été stabilisée sur 100 mètres, près de l’autoroute. De la végétation y a aussi été ajoutée.

«L’ensablement est un phénomène qu’on surveillait depuis longtemps, précise Sylvain Jutras, président de la CAPSA. On ne sait pas encore précisément l’impact de l’ensablement sur la reproduction du poulamon dans la rivière Sainte-Anne, mais on veut essayer de réduire l’étendue de la sédimentation.»

La caractérisation de la rivière permettra d’identifier la morphologie, l’état des berges et l’état du fond de la rivière Sainte-Anne à l’embouchure et sur une distance de 16 kilomètres. Les données recueillies pourront être comparées à celles répertoriées lors d’une étude au début des années 2000 afin d’évaluer l’évolution de l’ensablement.

Le projet de la CAPSA bénéficie d’un financement de 116 029$ provenant du programme Affluents Maritime. Les 39 000$ restants du projet sont attribués par les partenaires au projet, soit la MRC des Chenaux, l’Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne, le Comité ZIP Les Deux Rives, Dolbec, la Municipalité de Sainte-Anne-de-la-Pérade et le consultant Yves Mailhot.

«Le territoire de pêche rapetisse chaque année»

L’Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne est bien placée pour constater l’étendue de l’ensablement de la rivière et ses conséquences depuis plusieurs années.

«L’embouchure est très ensablée présentement. Le territoire de pêche rapetisse chaque année et les pourvoyeurs nous font part de leurs inquiétudes. Il faut parfois déménager des chalets ou encore attendre la marée montante avant d’arroser en raison du manque d’eau à marée basse. Certains des pourvoyeurs voient la moitié de leur territoire de pêche être ensablé. C’est compliqué près du secteur du pont, notamment», explique Steve Massicotte, porte-parole de l’Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne.

«Sur mon territoire, par exemple, on remarque qu’on voit plus de sable qu’avant. On constate des changements d’une année à l’autre. Ça fait plusieurs années déjà. Il faut que ça bouge et qu’on fasse quelque chose», ajoute Guillaume Lafontaine, président de l’Association des pourvoyeurs.

Si des améliorations ne sont pas apportées à l’embouchure de la rivière, notamment, il y a un risque que les poulamons ne puissent plus entrer dans la rivière, faute d’eau, ce qui ferait en sorte qu’ils poursuivraient leur chemin sans passer par la rivière Sainte-Anne.

«La présence de poulamons comme c’est le cas ici, c’est unique au monde, rappelle M. Massicotte. Au lieu d’avoir de l’eau quand on pompe à certains endroits, c’est du sable qui sort. À d’autres endroits sur la rivière, il n’y a que six pouces d’eau. C’est une question de pérennité à long terme de la pêche aux poulamons.»

Par ailleurs, puisque le poulamon est un poisson-fourrage, il sert de nourriture à plusieurs autres espèces. Une éventuelle disparition du poulamon dans la rivière aurait un impact certain sur l’écosystème maritime.

La pêche du petit poisson des chenaux entraîne des retombées de 6 millions $ annuellement.