La MRC de Mékinac appuie les relais motoneige

MOBILISATION. Les mesures sanitaires en vigueur amènent un grand lot d’incertitudes pour de nombreux commerces de la région, mais cette incertitude atteint son paroxysme lorsque plus de 75% à 90% du chiffre d’affaires de la saison sont en jeu. Il est notamment question de cette situation pour les nombreux relais de motoneige de la région qui doivent conjuguer avec l’interdiction d’ouvrir leur cuisine, mais aussi de demeurer accessible aux motoneigistes, sous la suggestion de la ministre Proulx, afin d’être des endroits pour se réchauffer et consommer leurs propres lunchs amenés pour la randonnée.

Cette épine vient s’ajouter à un printemps et un été qui n’a pas été sans conséquence pour plusieurs de ces établissements en zone rurale.

Le 16 novembre dernier, sept propriétaires de relais de la région se sont réunis afin de discuter des différents enjeux qui se posent déjà sur la route d’une saison qui s’amorcera possiblement dans les prochaines semaines. La MRC de Mékinac a pu participer à ces échanges à titre d’observateur et d’organisme soucieux d’accompagner le développement et la survie de ces entreprises écopant davantage dans cette deuxième vague.

«C’est une situation vraiment préoccupante pour notre milieu. L’industrie de la motoneige est un moteur économique très important pour notre MRC, tant au niveau des relais que des autres commerces autour. Les motoneigistes sortent souvent dans les sentiers avec le but de se rendre dans un relais, de consommer et de faire d’autres arrêts dans différents commerces. La fermeture des relais peut entrainer un ralentissement économique sur un volet beaucoup plus large», souligne Nadia Moreau, directrice du service de développement économique de la MRC de Mékinac.

«Pour nous, c’est plus de 95% de mon chiffre d’affaires de la saison qui ne sera pas au rendez-vous cette année, déplore Guy Leblond, propriétaire du Relais de la Station de Saint-Séverin. On me demande de payer pour ouvrir mon établissement et de consommer des produits achetés ailleurs. C’est inconcevable. Je n’ouvrirai pas à ces conditions, c’est assuré.»
Seulement avec son commerce, ce sont près de 400 000$ qui ne se retrouveront pas dans la petite municipalité de 845 habitants, en plus des retombées s’y rattachant.

L’aspect de la sécurité des sentiers est également un enjeu majeur. Les relais assurent, pour la grande majorité d’entre eux, un lien essentiel entre les sentiers et les clubs responsables de l’entretien. «Souvent je suis le «chialeux» qui appelle pour spécifier qu’un tronçon est trop endommagé ou même dangereux pour la pratique. Quand on voit des motoneigistes qui arrivent avec une personne qu’ils ont récupérée sur un lieu d’accident ou d’un enlisement, on voit l’importance de notre présence, d’autant plus que plusieurs pistes se trouvent dans des trous de services de télécommunication. Les régions étant ce qu’elles sont, on demeure souvent le seul endroit où on peut utiliser un téléphone», ajoute M. Leblond.

Pour d’autres relais de la région, la situation est aussi préoccupante puisque, bien que leurs activités ne reposent pas entièrement sur la présence des motoneiges, les nombreux ajustements qui ont été nécessaires à mettre en place cet été plongent les commerces dans une position précaire.

Pour Isabelle Gélinas, gestionnaire du restaurant Au Petit Palace de Sainte-Thècle, il s’agit d’une privatisation de revenu qui serait pourtant bien accueilli. «Pour nous c’est considérable. Je pouvais parfois avoir jusqu’à 200 motoneigistes par jour au restaurant. Ce qui est très différent qu’avec la clientèle régulière, c’est que nous avons toujours un roulement en dehors des heures de repas avec les motoneiges. Ça assure la présence d’employés, de salaires, des retombées directes chez nous», mentionne-t-elle.

Pour les régions reposant sur une économie grandement influencée par le tourisme récréatif comme Mékinac, la suite des choses annonce déjà un printemps difficile pour plusieurs commerces. «Nous sommes évidemment grandement conscients des enjeux de la propagation de la COVID-19. Nous tentons par tous les moyens de soutenir notre milieu pour passer à travers cette crise. Par contre, nous aimerons grandement que ce que nous pouvons favoriser localement puisse se faire chez nous. La possibilité de voir les habitués de notre région se déplacer vers une région aux conditions plus souples demeure inquiétante tant au niveau sanitaire qu’économique», ajoute Nadia Moreau.

«Si nous décidons collectivement de ne pas ouvrir nos relais, ce sont les autres commerces qui peuvent également en souffrir puisque nous pouvons créer une surcharge de gens dans les petits commerces. On peut facilement penser au nombre grandissant de gens qui voudront utiliser les services, comme les toilettes par exemple, qui n’ont pas été conçus en fonction d’un si grand nombre de fréquentations. Les conditions sanitaires seront encore plus difficiles à respecter», ajoute M. Leblond.

Bien décidés à revendiquer leur position, les propriétaires de relais désirent monter leur propre plan de gestion sanitaire pour une ouverture des relais et de leur cuisinent dans une formule ayant en tête le respect des normes, des motoneigistes et de leur santé, mais aussi en respect de leur entreprise. «Nous avons déjà de l’expérience pour la mise en place des normes strictes. Nous connaissons notre clientèle et leurs besoins, nous sommes confiants de faire quelque chose qui peut répondre à tous les critères», conclut Guy Leblond, Propriétaire du Relais de la Station.

Source: MRC Mékinac