En mission pour améliorer les relations interculturelles

CHAMPLAIN. Il y a 15 ans, la Champlainoise Suzie Yeo a fondé l’entreprise Autrement d’ici dans le but d’améliorer les relations interculturelles. Son équipe et elle ont offert des formations, des ateliers et de l’accompagnement aux quatre coins du Québec, principalement en milieu de travail. Et dès cet automne, pour souligner son 15e anniversaire, l’entreprise rendra disponible un parcours clé en main pour favoriser l’accueil et l’intégration des immigrants en région.

Au fil des ans, l’équipe d’Autrement d’ici a travaillé auprès de gens issus de divers domaines, dont le secteur manufacturier, le milieu carcéral, des universités, des MRC, des organismes communautaires et des employés de Parcs Canada.

« J’ai fondé Autrement d’ici pour répondre à un besoin de sensibilisation et de conscientisation de nos rapports à l’Autre, ici, au Québec, explique Mme Yeo. L’idée, c’est de faire les choses en étant plus inclusif. On accompagne pour qu’il y ait de saines relations interculturelles dans les milieux de travail. »

En 15 ans, elle constate que, de manière générale, les gens font preuve d’une plus grande ouverture, mais que le plus gros défi est toujours le même : les craintes demeurent.

« C’est dû en partie à tout ce qui circule sur les médias sociaux, pense Mme Yeo. Maintenant, n’importe qui peut dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux et désinformer plusieurs personnes en quelques minutes. C’est pour cette raison que notre travail de sensibilisation et de conscientisation est essentiel. Plus les gens vont en apprendre les uns sur les autres, plus ils vont se comprendre et mieux seront leurs relations. »

Ce désir de faire tomber les barrières et cette sensibilité envers les autres, Suzie Yeo l’a toujours eus. « Ça vient avec mon nom de famille, dit-elle. Déjà toute jeune, les gens me demandaient d’où ça venait et ça m’a vite fait prendre conscience que ça venait d’ailleurs. Les gens pensaient que j’étais asiatique. Ça m’a suivi par la suite. Plus vieille, j’allais porter mon c.v. et je n’étais jamais rappelée, à cause de mon nom de famille. »

Elle qui a grandi à Champlain se souvient d’un événement marquant dont elle a été témoin lorsqu’elle était à l’école primaire. « On a eu quelque temps des enfants immigrants dans notre classe. Ils ne sont pas restés longtemps parce que l’enseignante n’avait pas cette empathie ni celle volonté de bien les accueillir et de bien les intégrer. Je pouvais le voir étant jeune. Ça m’a choquée, marquée et bouleversée », confie-t-elle.

Rencontres à travers le monde

Après ses études secondaires, Mme Yeo a voyagé à travers le monde pendant dix ans. Elle a vécu notamment en Amérique centrale, aux États-Unis, au Mali, en Israël et dans l’Ouest canadien.

« Ç’a été 10 ans de recherche de moi, d’aventures, de recherche identitaire et de comprendre les relations interculturelles, raconte-t-elle. J’ai toujours eu à coeur le rapprochement culturel et à l’âge de 25 ans, je me suis demandé ce que j’allais faire comme métier avec ça. »

Au Mexique à ce moment, elle est revenue au Québec pour ses études. Elle a par la suite travaillé auprès des réfugiés pendant quelques années à Montréal, puis son travail l’a mené en Afrique de l’Ouest. De retour au Québec en 2006, elle a fondé Autrement d’ici.

« Parallèlement, j’enseignais au Cégep, mentionne-t-elle. J’y suis restée pendant 13 ans. J’expliquais aux étudiants que si tu veux vraiment faire une différence avec des voyages et des missions humanitaires, le mieux à faire, c’est d’arriver là-bas et d’écouter. Si tu veux vraiment apporter ton aide, vois et comprends comment eux font au lieu d’arriver là-bas en pensant que tu vas leur montrer comment il faut faire. »

Mme Yeo se consacre maintenant pleinement à son entreprise. « Autrement d’ici me permet d’innover, d’en arriver à des approches différentes pour favoriser de saines relations interculturelles. On voit les résultats, ils sont multiples. C’est ma petite contribution à la société. Je le fais avec le rêve de voir, un jour, une société réellement et entièrement inclusive », conclut-elle.