Du miel aux milles saveurs

APICULTURE. Dans un champ du rang des Pointes à Hérouxville, ça bourdonne et ça butine. Enfin pas tout à fait puisque les fleurs n’ont pas encore éclot. «Elles s’alimentent présentement sur les bourgeons. Tantôt, ça sera avec le pollen en attendant les premières fleurs.»

Geneviève Gauthier pointe un contenant rempli d’eau et de paille au côté des ruches. «En début de saison, avant que les fleurs arrivent, on prépare un mélange d’eau et de sucre. Ça stimule la reine pour la ponte des œufs», explique celle qui développe l’entreprise fondée par son père Denis, la Ferme apicole Mékinac.

Dès la mi-avril, alors que la neige ne s’est pas encore totalement retirée, les ruches sont déposées dans les champs après quelques mois passés dans un caveau d’hivernement tenu à 3 degrés Celsius. «Cette année, on a environ 11% de perte. C’est plus que le 6% de l’année dernière, mais rien à voir avec les 54% d’il y a trois ans», raconte l’apicultrice.

Consommation de miel/personne au Québec: 1,05 kg

Après cet hiver catastrophique, Denis Gauthier avait dû remonter son cheptel d’abeilles presque au complet. «J’en ai fait venir d’Australie», raconte l’homme qui a commencé à récolter du miel pour son plaisir il y a 40 ans. «À cette époque, quand tu perdais 5% de tes ruches, tu te mettais un sac de papier sur la tête pour que personne ne te reconnaisse», dit-il avec humour.

La faute aux pesticides et aux insecticides utilisés par les agriculteurs? Et pourquoi pas au varroa, un minuscule parasite qui s’attaque aux colonies à l’intérieur des ruches? «Il y a plein d’hypothèses, mais une chose est sûre, ce n’est plus rare de perdre de 20 à 25% de tes abeilles par année. C’est comme si un producteur qui avait 100 vaches à l’automne n’en compterait plus que 75 au printemps», peste Denis Gauthier.

Des miels de spécialité

Qu’à cela ne tienne, le miel devrait être encore bon cette année. «Nos contrats sont déjà tous signés», raconte-t-il en parlant des producteurs de bleuets du Lac Saint-Jean qui l’attendent avec ses 700 et quelque ruches à la fin du mois de mai. «Et au début du mois de juillet, ça sera chez les cannebergières du Centre-du-Québec.» Dans les deux cas, les abeilles iront butiner les fleurs de ces deux plantes fruitières durant deux à trois semaines avant de revenir poursuivre le travail dans leurs champs en Mauricie.

«La location des ruches pour la pollinisation est beaucoup plus rentable que la production de miel», explique Geneviève Gauthier. Et dans le cas des bleuetières par exemple, on en tire un miel foncé exquis paraît-il. Ferme apicole Mékinac est d’ailleurs reconnue pour ses miels de spécialité. «On en a de bleuets, mais aussi de sarrasin, du miel d’été avec les fleurs de trèfle, du miel d’automne avec les verges d’or et les asters, le miel d’asclépiade. On en a déjà fait avec des fraises qui donnait un miel clair comme de l’eau», énumère Denis Gauthier. Et l’objectif pour cette année? «On va essayer de faire du miel avec les fleurs de pissenlit» dévoile l’apicultrice. Pour obtenir une appellation officielle, le miel devra faire l’objet d’une analyse qui certifiera que le produit correspond à ce qui est annoncé sur l’étiquette.

En 2019, la ferme de Hérouxville a réussi à produire près de 16 000 livres de miel qui sont vendus dans les épiceries du Québec, mais aussi sur place dans une boutique aménagée dans la miellerie.