La croissance d’une entreprise de Sainte-Anne menacée

INTERNET. Internet est la cause de bien des maux de tête pour le personnel des Jardins Barry. L’absence d’une connexion haute vitesse menace sérieusement la croissance de l’entreprise de production maraîchère biologique située à Sainte-Anne-de-la-Pérade.

«La capacité est autour de 5 mégabits par seconde pour télécharger et 0,6 mégabit par seconde pour téléverser, indique Valérie Desormeaux des Jardins Barry. Pour des opérations d’affaires, c’est largement insuffisant. Télécharger la mise à jour de notre logiciel comptable, ça nous a pris une heure.»

Non seulement Internet n’est pas haute vitesse, mais il est aussi limité. «Ça coûte 115 $ pour 100 Go de données par mois. Le service illimité n’existe pas. Et pour la vitesse, c’est moyen», mentionne Mme Desormeaux.

Trois sites sont rattachés à l’entreprise, soit deux maisons d’employés et le bureau administratif. L’une des maisons d’employés se trouve à Grondines tandis que les deux autres sites sont situés à la limite de Sainte-Anne-de-la-Pérade. À Grondines, les employés ont accès à l’Internet haute vitesse.

«Il manque environ deux kilomètres entre cette maison et toutes nos autres installations, précise Mme Desormeaux. De l’autre côté, vers le village de Sainte-Anne, il manque environ six kilomètres. Et Internet par réseau cellulaire, ça coûte un bras et une jambe pour la quantité de données qu’il nous faut. Je me suis informée auprès d’une compagnie pour avoir le service illimité et la haute vitesse. Ça coûterait 500 $ par mois, par site, avec un contrat de 10 ans.»

«On engage des travailleurs étrangers et ils sont là seulement quatre mois par année, ajoute cette dernière. Je ne peux pas payer 1 500 $ par mois. Avec certaines compagnies, on pourrait ne pas payer toute l’année pour les données, mais on doit quand même payer des frais administratifs chaque mois.»

Casse-tête pour les paies

L’une des principales problématiques vécues par le personnel de l’entreprise est en lien avec le système des paies. Jusqu’à tout récemment, les employés notaient leurs heures travaillées sur un bout de papier. Mais depuis l’an passé, ils utilisent un logiciel Internet. Du moins, ils essaient. En raison de la lenteur du réseau Internet, l’utilisation de ce logiciel est restreinte.

«Ça prend environ quatre heures par semaine pour tout comptabiliser, affirme Mme Desormeaux. C’est mieux que la méthode papier, mais c’est encore très long. En plus, cette année, on va engager plus d’employés pour répondre à la demande du marché.»

Impensable pour elle de perdre une journée de travail par semaine pour comptabiliser des données alors qu’un logiciel pourrait le faire en quelques clics seulement. Mais pour acquérir un logiciel performant, il faut un Internet performant.

«Il existe un logiciel qui permet d’avoir des données en temps réel sur la récolte. On pourrait être plus compétitif. On pourrait voir chaque jour le nombre de caisses récoltées et s’ajuster en conséquence au lieu de voir le problème à la fin de la semaine, explique Valérie Desormeaux. C’est un logiciel subventionné, en plus. Ce serait vraiment super, mais ça ne me donne rien de l’acheter parce que la mauvaise connexion Internet ne me permettra pas de l’utiliser.»

Urgence d’agir

Cela fait plusieurs mois que Mme Desormeaux a entrepris des démarches dans le but de trouver des solutions à son problème. Pour l’instant, elle semble être face à une impasse. Et pour elle, le temps presse.

«J’ai assisté dernièrement à une rencontre d’un organisme de recrutement de main-d’œuvre agricole. À cette rencontre, on nous a dit que le gouvernement canadien pourrait peut-être bientôt exiger aux employeurs qui embauchent de la main-d’œuvre étrangère d’offrir le service Internet pour nos travailleurs», dit-elle.

«Si ça devient obligatoire, je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis un peu découragée, admet Mme Desormeaux. On a essayé de recruter de la main-d’œuvre québécoise, mais les gens ne veulent pas travailler la fin de semaine et ils veulent faire du 9 à 5. Avec la main-d’œuvre étrangère, ça va bien, mais si je ne peux plus en embaucher parce que je ne peux pas leur offrir Internet, qu’est-ce que je vais faire?» Si une tel un règlement devait être adopté, Valérie Desormeaux craint que ses employés choisissent de travailler ailleurs.

Un marché mondial

Les Jardins Barry emploient une soixantaine de personnes en saison estivale. L’entreprise exporte environ 70 % de sa production aux États-Unis.