Bulbi-Serres: Des fleurs et des légumes pour traverser la crise

ESPOIR. Avant même que le Québec ne se mette sur pause il y a un mois pour répondre à la pandémie du coronavirus, l’été pointait déjà son nez sur le rang des Pointes, à Saint-Tite…  

À l’intérieur d’un complexe de serres de 20 000 pieds carrés, des millions de bourgeons fleurissent dans l’attente d’être acheminés dans des centre-jardins. «Nos vivaces et annuelles sont vendues à des grossistes, comme Pépinière François Lemay dans Lanaudière, qui approvisionnent les détaillants partout au Québec», explique Diane Boisvert, conjointe de Patrice Goudreault qui a fondé Bulbi-Serres en 1992.

L’entreprise de Saint-Tite est un secret bien gardé dans la région, car peu de gens savent qu’elle fait pousser également les fleurs qui servent à fabriquer les mosaïques fleuries qui embellissent la Ville de Trois-Rivières mais aussi celles de Saguenay et Gatineau par exemple. «C’est de plus en plus demandé dans les municipalités. Nous en avons produit environ 400 000 plants en 2019», poursuit-elle.

Au départ, comme son nom l’indique, Bulbi-Serres se spécialisait davantage dans la culture ornementale mais depuis quelques années, elle développe le secteur maraîcher, une culture dont on parle beaucoup ces temps-ci dans l’espoir de promouvoir notre souveraineté alimentaire au Québec.

«À partir de juin, nos serres se vidaient et on embarquait dans le terrassement extérieur chez les particuliers. J’ai pensé qu’on pourrait prolonger nos activités intérieures en plantant des légumes comme des tomates, des concombres, des piments, des fines herbes», explique Diane Boisvert qui est responsable de ce volet de l’entreprise.

Pour répondre à la demande, une serre de 7000 pieds carrés est en construction et un champ extérieur de 10 000 pieds carrés a été aménagé pour la culture de l’ail notamment. «Nous avons environ 20 000 gousses en terre qui seront prêtes à récolter cette année.»

La création de Nature Frugale

Pour bien départager les productions, Diane Boisvert a fondé l’entreprise Nature Frugale qui développe tout le volet maraîcher et celui de la transformation. «Avec le COVID-19, on parle beaucoup de l’importance de cultiver nos légumes au Québec à l’année mais c’est un virage que nous avons déjà entrepris il y a plus de deux ans. L’idée de départ, c’était de ne pas gaspiller les plants qu’on n’avait pu écouler dans les centre-jardins.»

La spécialité de Nature Frugale, c’est les piments. Des tonnes de poivrons devrait-on dire. «Nous avons au-delà de 20 000 plants répartis entre 45 variétés», précise l’entrepreneure, notant au passage le 7 Pot, un piment explosif coté à 1 000 000 sur l’échelle de Scoville.

Vendue sous l’étiquette Nature Frugale, Diane Boisvert a créé une gamme de sauces et d’huile macérée avec ces variétés de piments, qui récolte un beau succès dans les marchés d’alimentation de la région. «Nous avons près de 50 points de vente et ça continue», raconte-t-elle. L’huile viendra capturer le goût piquant du piment mais sans en accaparer l’intégralité de la puissance. Utilisée pour la cuisson, sur les salades ou pour mariner une viande, le goût est succulent parait-il.

Parmi ses autres projets, Diane Boisvert voudrait aménager un kiosque pour écouler sa marchandise auprès des particuliers, devenir un fournisseur de restaurants et se mettre à la culture des courges. «C’est un légume qui pousse rapidement en serre. Avec la crise qu’on connaît, ça va devenir de plus en plus important de produire ses propres légumes», conclut-elle.